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Tous les deux à cinq ans, une grande innovation secoue le petit monde de l’informatique : Le groupware (92), le datamining (95), le CRM (97 à 2000), le passage à l’an 2000 et l’Euro (99), le Web 2.0 O’Reilly (2000), le Web 2.0 (2004-2007) vite renommé “médias sociaux” (2008), le cloud computing (2010)… Et j’en oublie sans doute. Aujourd’hui, et depuis 2012 environ, c’est au tour des Big Data. Pourtant ces Big Data, malgré ce que l’on peut entendre trop souvent ici et là, ne sont pas une mode comme les autres. Voici pourquoi en cinq raisons.

Les Big Data ne sont pas une mode

Les Big Data font partie de ces vagues d’innovations qui, comme le CRM, changent la face du monde du travail. Et comme avec le CRM, ces changements ne sont pas linéaires… Préparons-nous donc à un grand nombre d’essais et d’erreurs, de fausses pistes et de tâtonnements.

Quoi qu’il en soit, ce phénomène Big Data est surtout une nouvelle façon de concevoir l’informatique… rien que cela. Avec cette innovation, ce sont les modes de pensée qui sont bousculés. Prenons le marketing en exemple (les Big Data s’appliquent à une quantité d’autres domaines comme la logistique, la santé, la protection des risques, la finance etc.). Les Big Data, dans ce cas, servent de véritable révélateur à une transition d’un marketing déterministe à un marketing de l’incertain (voir notre interview de Patrick Bensabat à ce sujet).

Je vois ainsi cinq raisons pour lesquelles les Big Data sont un phénomène durable dans le paysage de l’informatique des prochaines années :

  1. Les Big Data, ce n’est pas nouveau… c’est un aboutissement ;
  2. Ce n’est pas un buzz word, les Big Data sont le produit du terrain ;
  3. Les Big Data répondent à une problématique métier (marketing, prévention, personnalisation etc.) ;
  4. Elles sont l’aboutissement logique de 60 ans d’informatique ;
  5. La mesure vient avant l’usage : les Big Data donnent un sens à des objets connectés dont nous avons encore à peine imaginé l’utilité.
Même s'il y a un effet domino, les Big Data ne sont pas un effet de mode
Même s’il y a un effet domino, les Big Data ne sont pas un effet de mode

1. Les Big Data ce n’est pas vraiment nouveau …

… dans l’esprit, j’entends. Les premières théories du marketing one to one, très en vogue dans la période 1995-2002, font partie des fantasmes des marketeurs depuis longtemps. Amazon et les premières solutions e-commerce de personnalisation (Vignette notamment, qui était la solution utilisée par Amazon encore en 2001) ont même permis un certain niveau de personnalisation depuis longtemps chez ces pionniers de l’e-commerce.

La véritable nouveauté, c’est que la technologie, les données et la puissance de feu sont maintenant disponibles, de façon concomitante… Et pas seulement pour les pure players. Tout ceci arrive en outre à un moment où toutes les entreprises sans exception s’intéressent à la transformation digitale, et les Big Data sont au cœur de cette transformation.

2. Les Big Data ne sont pas un Buzz Word

Cet accroissement de la puissance de traitement s’accompagne d’une augmentation forte du niveau de professionnalisme, de la complexification des technologies ainsi que de l’arrivée de nouveaux métiers qui restent encore très largement méconnus du plus grand nombre, voire qui recèlent une certaine part de mystère. Cette professionnalisation est un signe indéniable de la réalité du phénomène.

S’il s’agissait simplement d’une mode, aurions-nous besoin de spécialistes, serait-il nécessaire de former de nouveaux professionnels ? Et dans ce cas, pourquoi les profils traditionnels ne suffiraient-ils pas ? En quelque sorte, cette question s’est déjà posée à l’arrivée du Web avec les webmasters, puis avec le Web 2.0 et les fameux Community Managers, et plus largement dans le domaine digital, au travers de sa multi spécialisation et la myriade de métiers spécifiques qui le composent[1] (voir cet article résumant une intervention de Jacques Froissant sur le sujet de la multi-spécialisation du Web).

Les nouveaux métiers des Big Data suivent le même canevas, même si leur nature est très différente et leur profil largement plus élevé. A supposer que ces métiers évoluent et que leurs noms changent dans le futur, ce qui est toujours possible, le besoin restera et la professionnalisation est patente.

3. Les Big Data répondent à une problématique métier

Si la folie de l’an 2000 correspondait qu’à une interpolation, largement exagérée, d’un nécessaire correctif technique, les Big Data correspondent bien quant à elles à un besoin fort de la part des métiers : mieux comprendre les clients, rassembler les discussions morcelées, améliorer la qualité des insights clients, mieux comprendre leurs attentes (conscientes ou inconscientes)…

Pour ne citer que les besoins des marketeurs et en ignorant toutes les autres disciplines qui sont intéressées par cet apport nouveau de l’approche par la donnée. La valeur ajoutée des Big Data est claire et non ambiguë ; l’apport de cette nouvelle discipline change profondément  le marketing (voir mon compte rendu de la conférence Adobe Summit de Londres en mai 2014 pour finir de s’en convaincre). En un mot, les Big Data ne font pas que nourrir le marketing, elles contribuent largement à le réinventer. Il en est de même pour les autres disciplines.

4. L’aboutissement logique de 60 ans d’informatique

Les Big Data, n’en déplaise à certains, ne sont pas une innovation intrinsèque mais une innovation d’intégration : l’aboutissement de 60 ans et plus de travaux sur l’infrastructure pour en arriver au cloud computing tel que vous le connaissez aujourd’hui. Aboutissement également de travaux de plus 30 ans sur le décisionnel et les bases de données afin d’en améliorer la performance. Aboutissement enfin des travaux sur les  algorithmes pour les rendre plus performants dans le but de traiter une inflation de données due à l’explosion des usages, notamment du Web social.

Tout ceci ne fait que commencer alors que l’ère des objets connectés en est à ses balbutiements. L’Informatique remplit enfin son rôle premier qui n’est pas que d’automatiser les processus existants, mais d’élargir le champ des possibles, grâce au traitement massif des données, rendu possible au bout de tous ces perfectionnements technologiques[2].

5. Car la mesure vient avant l’usage et que nous n’avons encore rien vu !

La volonté de tout mesurer n’est pas un besoin en soi mais cette fonction a été rapidement adoptée par le grand public qui s’empare de ces nouveaux objets qui rendent possible de nouveaux comportements : la mesure précède l’usage. Les Big Data changent la vie des utilisateurs…

Mais aussi des sociétés qui seront capables d’utiliser avantageusement ces données fondamentales afin de proposer de nouveaux services et de nouvelles fonctionnalités. Nous n’avons encore rien vu de ce qui est possible : les Big Data d’aujourd’hui sont les Small Data de demain.

Pour toutes ces raisons, je ne pense pas prendre un grand risque en vous annonçant que nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère. Rien ne sert de dénigrer les Big Data en les réduisant à une simple mode, leur impact est beaucoup plus fort, et nous n’avons encore vu que le commencement de ce mouvement de fond.

[1] SEO, SEM, SEA, Graphistes, développeurs (spécialisés par langage), spécialistes des contenus, blogueurs, etc. et même plus récemment « growth-hackers » même si dans ce cas je suis largement plus circonspect.

[2] L’ordinateur a été inventé par Univac en 1951, et non par IBM comme beaucoup le pensent. L’invention de l’informatique quant à elle, pourrait être attribuée à l’Anglais Alan Turing en Angleterre dans les années 40.

Visionary Marketing

Yann Gourvennec a plus de 20 ans d’expérience en Marketing & Innovation. Il a créé le site https://visionarymarketing.com en 1996. Ce blog est un blog personnel.

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