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Pourquoi certaines entreprises optent-elles pour l’Open innovation (ou Innovation ouverte) et livrent-elles ainsi une partie de leur savoir sans rien attendre en retour (du moins de prime abord) ? Qu’ont-elles vraiment à y gagner en adoptant cette stratégie ?

L'Open innovation est bien plus qu'un terrain de jeu à ciel ouvert

 

En premier lieu, rappelons qu’innover vient du latin innovare (in- interne ; novare-changer) et véhicule donc la notion de « renouveler », de « revenir à ». L’innovation est donc un concept schizophrène car très tourné vers l’intérieur du système qui veut changer, donc assez self-centré. Pour autant l’innovation ne se devrait se concevoir que dans un système plus large car elle se nourrit et s’inspire des idées et découvertes des autres systèmes qui se renouvellent.

L’entreprise peut innover sur plusieurs dimensions :

  • Produits / Services / Expériences
  • Prestation / Animation
  • Procédés / Processus
  • Mesures / Décisions
  • Organisation / Pratiques
  • Technologies et système d’information
  • Sécurité / Réglementation

En bref, c’est toute la chaîne de valeur de l’entreprise qui peut être soumise à ce « renouvellement ».

 

L’innovation se base sur un modèle R&D

Très classiquement l’innovation au sein de l’entreprise se base sur un modèle de R&D (Research & Development) qui peut être sectorisé (R&D produit, R&D SI…) ou centralisé (direction de l’innovation). Là où les entités en charge de l’innovation vont donc avoir pour mission de proposer des idées en se basant sur l’état de l’art du marché, le plus souvent au travers du prisme « recherche fondamentale ». Ces idées sont testées via des développements internes, certaines sont écartées car irréalisables (axe financier, axe réglementaire, axe ressources humaines…).

Les développements validés pourront alors éventuellement aboutir à un nouveau produit ou une nouvelle fonctionnalité. Ce nouveau produit ou nouvelle fonctionnalité pourra alors enfin être mis sur le marché. Les échecs coûtent chers, les succès sont longs. La mise sur le marché est l’étape cruciale de rejet/acceptation d’une innovation, souvent prise en charge par les forces marketing et commerciale de l’entreprise.

Pour les plus aguerris en termes d’innovation, les fonctions de mise sur le marché seront investies assez tôt dans le cycle de vie de l’innovation afin de maximiser les chances de réussite de rencontre avec un marché et donc du profit. La limite est que seul le produit fini n’est considéré comme viable et, seule la vision des fonctions de vente est un vecteur de croissance.

Classical innovation model

 

Un manque d’ouverture vers l’extérieur

La grande faiblesse de ce système réside très clairement dans son manque d’ouverture vers l’extérieur et d’échange bilatéral. L’innovation classique va se concentrer sur l’IP et réaliser les innovations en interne sans rien divulguer vers l’extérieur, en s’alimentant peu de l’extérieur afin de maîtriser les risques, rester maître de l’innovation et rationaliser l’approche. Le fameux mythe de l’espionnage industriel et de la rétention du savoir a encore de fervents adeptes.

Cette faiblesse majeure se traduit depuis un certain nombre d’années par une prise de conscience et donc un changement de paradigme en train de révolutionner les pratiques autour de l’innovation. Pourquoi certaines entreprises ouvrent-elles donc leur code source ? Pourquoi livrent-elles leur savoir sans rien attendre en retour (de prime abord) ?

Aujourd’hui, la collaboration et l’ouverture sont des armes puissantes de visibilité, de notoriété, d’échange, d’accélération et de profit. L’ouverture n’est pas complète naturellement, elle est maîtrisée, savamment dosée pour permettre à l’ « open entreprise » de se frayer un chemin chez les grands sans que ceux-ci aient compris pourquoi ou comment.

 

Les 5 grands leviers pour booster l’innovation

Au sein de notre économie actuelle, les grands leviers qui permettent d’innover dans sa pratique de l’innovation sont :

1. La propagation d’internet

Internet, en modifiant profondément notre société et notre économie, en est aujourd’hui un pilier. On estime que son apport va là aussi transformer en profondeur notre style de vie, en particulier face à la crise écologique et économique majeure dans laquelle nous vivons. La technologie internet en tant que vecteur de partage en réseau va devenir un modèle d’innovation notamment en termes de gestion de l’énergie. De nombreux travaux positionnent cet axe comme un levier majeur de la troisième révolution industrielle et de l’avènement du pouvoir latéral.

 

2. Les économies collaboratives

Conscientes des forces, cette mouvance d’échange et de mutualisation, plus que de silo et de parallélisation, certaines entreprises en ont fait le fer de lance de leur business model. On constate l’apparition de société dont les assets sont très limités mais dont la communauté et son rôle dans le mode économique est crucial. Uber par exemple n’a aucune voiture ni de chauffeur à proprement parler. C’est bien la collaboration entre les usagers qui fait la richesse de l’entreprise et la réussite de son modèle économique.

 

3. L’open source

L’open source a définitivement remporté ses lettres de noblesse et est devenu une sérieuse alternative pour les entreprises, voire un incontournable. De nombreux projets open source se sont imposés comme des poids lourds dans leur discipline tels que les projets de la fondation apache ou les nombreux projets contributifs sur Git.

Une grande panoplie d’outils open source sont aujourd’hui accessibles, de plus en plus référents au sein de leur domaine respectif, citons pour l’exemple R pour la data science, la stack big data (hadoop, spark, kafka, cassandra, couchbase, Hive, ELK…), de nombreux CMS, d’e-commerce, de nombreux langages de développement libres tels que java ou Python… Quasiment tous les domaines sont couverts par une stack plus ou moins importante d’outils libres ou pseudo libres.

 

4. L’open data

La donnée est l’or noir du 21ème siècle, et son partage est le parangon de ce que l’innovation peut apporter en termes de valeur ajoutée. L’heure n’est plus à la rétention à tout prix des données mais à l’ouverture, au partage et à l’échange dans le respect de la réglementation, qui se veut de plus en plus vigilante à l’égard de la protection des données personnelles (pii). De très nombreux portails d’open data existent et ouvrent un champ des possibles colossal. On notera également la tendance des entreprise à partager leurs données au sein d’un échange de gré à gré plus connu sous le terme de données 2nd party qui est une forme d’open data.

Carte Open Data

 

5. L’open API

En parallèle des open data, les open API ouvrent aux entreprises et aux développeurs l’accès aux applications propriétaires, aux données qu’elles contiennent, aux services qu’elles hébergent, aux méthodes qu’elles régissent. Les open API rendent public les méthodologies et la gouvernance qui régissent les échanges entre applications, permettant de ne plus avoir à programmer certaines fonctionnalités mais à capitaliser sur un existant solide, toujours dans une optique d’excellence logicielle. Parmi les plus connues on citera les open api de Facebook, Twitter, des sites de voyagistes, des grands médias en lignes, OpenAPI (projet sur GitHub, fka The swagger)…

 

Grand pouvoir = Grandes responsabilités

Oncle Ben disait « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». Avec ces leviers vient un grand nombre de modifications profondes de l’entreprise et notamment en termes de culture et de méthodologie de gestion des projets, de réalisation et de partage du travail. Les nouvelles obsessions sont incontestablement la vitesse, la flexibilité, la qualité, la mesure et la valeur ajoutée pour l’utilisateur. Les démarches agiles et le lean sont aujourd’hui bien connues mais encore trop peu utilisées, et rarement à bon escient, elles deviennent un prérequis pour embrasser l’Open innovation.

 

L’entreprise doit réapprendre à se réapproprier les nouveaux modèles d’innovation dans une économie en transformation.

Open Innovation Model

Les sources de l’innovation sont diverses et doivent mêler interne et externe. Le sourcing d’idées et de pratiques externes intervient à toutes les étapes du développement. Les produits intermédiaires issus de cette innovation collaborative peuvent déboucher sur des nouveaux produits ou fonctionnalités venant renforcer ou renouveler le portefeuille de la marque mais peuvent aussi être des sources de développement sur de nouveaux marchés ou des marchés totalement externes via des intermédiaires ou en partenariats.

Il apparaît donc important pour les entreprises de savoir se positionner au sein de ce nouveau paradigme.

 

Open innovation : et vous, où en êtes-vous ?

Différents profils d’entreprise existent vis-à-vis de l’Open innovation. Et vous, où en êtes-vous ?

Early birds

Early birds

Early birds/adopters en quête de disruption au sein de leur stratégie et de leur modèle économique. On retrouve ici les plus innovants, ceux qui test, qui apprennent, qui « fail fast », qui donne le tempo !

 

Flock / MajorityFlock / Majority

Adopte lorsque le marché se structure et que les risques sont plus faibles. On peut distinguer l’ « early majority » de la « late majority ». On retrouve ici les suiveurs qui ont une vision assez opportuniste bien que maitrisée de l’innovation.

 

Night Owls / LaggardsNight Owls / Laggards

Globalement en retard sur le marché par trop de rigidité dans leurs processus de décision et leur politique d’innovation ; ce profil est souvent lié à la culture d’entreprise et à une entreprise traditionnelle de moyenne ou grande taille ou la prise de décision est sclérosée.

 

Comme toute thématique impliquant une forte dimension change management et de mutation de l’organisation, il n’est pas réellement question de savoir si l’entreprise doit accepter ces nouveaux codes, s’y projeter et s’y adapter, ni même savoir si elle en a les capacités, mais bien de savoir quand elle va s’y atteler et comment elle va traiter le sujet comme une opportunité avec pragmatisme et créativité.

En ressources humaines, on dit communément :

Manager : « – Que fait-on si on forme nos collaborateurs et qu’ils nous quittent ? »

RH :  «  – Que fait-on si on ne les forme pas et qu’ils restent ? »

 

J’appliquerais la même réflexion à l’adoption de l’Open innovation par les entreprises : que ferez-vous si vous ne vous ouvrez pas et que votre innovation perdure telle qu’elle est ?

 

Business & Decision

A été Manager au sein de la business unit Transformation Digitale chez Business & Decision. Sa mission peut se résumer à cette définition pragmatique : « Design business for IT and the other way round »

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